Rencontres Documentaires

Festival du Film d’Action Sociale de Nancy 2008

L’IRTS de Lorraine propose dans son festival un riche panorama de la production audiovisuelle du secteur social.
Dans divers pays européens, le cinéma, et le documentaire en particulier, fait l’objet d’ateliers d’écriture et de réalisation au sein des institutions pénitentiaires.
Au coeur de ces travaux, l’individu et l’enfermement, et comme rencontre avec le monde et avec soi : la fabrication des images.

Sans Elle(s) de Anne Toussaint et Hélène Guillaume

Documentaire – France – 2001 – 58 mn

 Parler de la prison au travers de l’absence est une façon d’aborder la question de la peine, de l’enfermement carcéral, celui de la rupture sociale obligée qui exclut le regard de l’autre, altère la relation sociale et affective, et donc éloigne de soi. L’absence crée la distance entre soi et le monde, engendre l’angoisse, fait surgir la présence du désir et provoque le repli sur soi pour y échapper.
Le film se déploie autour de sept séquences réalisées par les hommes détenus. Ils s’approprient l’espace cinématographique en contre partie d’une reconnaissance identitaire qui leur est refusée. Chacun a fait la proposition de raconter selon son âge, sa sensibilité, sa situation familiale un moment particulier de l’absence de l’autre, absence au féminin, qui le touche particulièrement dans cet univers homosexué.
Ces séquences sont reliées par des paroles croisées à celles de femme qui vivent l’absence de l’autre côté du mur.
Ces paroles vibrent sur des séquences qui nous plongent dans l’univers carcéral en marquant le temps de la prison, en soulignant le détail devenant obsession, en évoquant la pensée circulaire propre à l’enfermement, en signifiant la résistance, en cherchant la trace…
Mais elles sont aussi données à écouter sur des séquences qui ne nous laissent pas nous installer dans cet univers mais nous rappellent à notre place celle de citoyen ”libres” afin de rendre visible la rupture entre le monde carcéral et le monde civil, monde dans lequel reviendront un jour ces hommes incarcérés.