Réfléchir les images de la prison

سعي عن نظرات اخرى

Dans le cadre du programme : « renforcer le rôle de la société civile dans la promotion des droits de l’homme et des réformes démocratiques »
 

Les Yeux de l’Ouïe, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs, avec le soutien de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie.

 
Durée : Projet : 36 mois, Ateliers : 24 mois


Démarche

La prison est bien réelle. Elle sanctionne, stigmatise ou magnifie les existences de ceux dans la délinquance ou ceux dans l’audace politique. Mais la prison a bien un horizon : la libération ou l’évasion.
 
A l’évasion réelle, motif générateur de toutes les craintes légitimes de l’administration, répond au quotidien le besoin d’une évasion symbolique. Il y a toute une mythologie du prisonnier qui use de son habilité pour se procurer cordes et pioches bricolées, mais il y a aussi un imaginaire entourant l’ingéniosité de celui-ci pour se procurer encre, papier, feuille arrachée d’un livre, et surtout complicité toujours risquée pour faire sortir ses écrits de sa cellule.
 
On enferme le corps. On limite ses actions et réactions, et paradoxalement on rend l’esprit disponible à toutes les habilités, ingéniosités, et créativités. On écrit en prison, même quand l’écriture est formellement interdite. On écrit des livres, des récits, des manifestes. On écrit pour les autres, pour soi. On rêve de la lettre qu’on va écrire, de celle qu’on aimerait recevoir. Parfois, on espère une simple correspondance permettant de maintenir sa propre existence dans le monde.
 
Humaniser la prison passe sans doute par l’amélioration des conditions du surveillé et du surveillant, mais aussi par une vision qui croit en la libération et l’insertion, et en la nécessaire conversion du désir d’évasion réelle en désir d’évasion symbolique autorisé et organisé.
 
L’organisation d’ateliers artistiques et culturels est une des solutions. Ces ateliers peuvent contribuer à capter la disponibilité créative, à la transformer en une œuvre permettant à la personne détenue d’être valorisée, de se découvrir, de continuer à se penser dans la société et à s’envisager hors les murs.

Axes de travail

Thème de réflexion et de réalisation
Engager des professionnels et des amateurs dans un projet commun autour de l’image, de la correspondance, et de la Cité juste.

Le point de départ de la réflexion et de la correspondance filmique s’établit autour de La République de Platon. Loin d’être un prétexte, La République de Platon est plutôt un chantier fertile où personnes détenues et participants de la société civile dialoguent, inventent des formes d’écritures cinématographiques et des dispositifs de mise en scène. Le retour à Platon permet de déplacer le questionnement sur la justice et le processus de démocratisation, de l’aborder par le biais d’un trajet plus important dans le temps qu’on ne le fait ordinairement.
 
La République de Platon constitue un objet d’enquête réflexive et historique (entre autres, histoire du texte dans le monde arabo-musulman) et une matière parmi d’autres servant, au final, à la réalisation d’un documentaire expérimental de (et non sur) cette expérience.
 
Le travail des ateliers et la réalisation du documentaire seront conduits, notamment par Kamel Regaya, cinéaste et universitaire tunisien qui collabore avec l’Association Les Yeux de l’Ouïe (France) depuis 2005 en tant qu’artiste en résidence à la prison de Paris-La-Santé.

Le projet concentre son action sur trois groupes cibles : un groupe de personnes détenues, un groupe de représentants de la société civile, et un public, le plus large possible, géographiquement et quantitativement, qui sera invité à suivre les débats et les étapes du projet.