Ouvrières, elles parlent de leur travail… de Catherine Egloffe

L’objectif des Yeux de l’Ouïe, quant à la programmation, est de privilégier les œuvres rendant compte d’une démarche ou d’une écriture originale, et surtout de présenter des formes audiovisuelles moins familières, plus rarement diffusées par les médias grand public.
Ces diffusions ont pour but d’introduire le plus large public dans des univers sonores et visuels rares, de montrer que l’on peut être spectateur autrement grâce à un dispositif ouvert et convivial et de susciter des rencontres, d’inviter les artistes, afin d’interroger, d’accompagner et de révéler le potentiel critique de chaque spectateur.
Parallèlement à l’organisation d’une manifestation annuelle « Les Yeux la Nuit », nuit vidéo qui se déroule au mois de juin, Les Yeux de l’Ouïe favorise les rendez-vous réguliers afin de diversifier les programmations et de fidéliser le public le plus large.

Ouvières, elles parlent de leur travail, je regarde… de Catherine Egloffe

France – 2008 – 38 mn

Séance en présence de la réalisatrice

Catherine Egloffe a interviewé 24 ouvrières du textile. Elle leur a demandé de décrire leur travail, puis les a filmées devant leur métier à tisser.
C’est surtout les mains des femmes qui sont filmées, donnant à voir le geste, seul, dans son attachement à la machine. C’est ce qui n’a pas été automatisé, ce qui resterait de l’humain, mais qui se trouve incorporé au travail de la machine.
Le bruit des machines gêne la compréhension, mais c’est là la dureté de l’usine, ainsi partagée par le spectateur : c’est bruyant, les positions sont pénibles, il fait très chaud.

Le travail de Catherine Egloffe s’articule autour de la distance entre les regards – celui des femmes et le sien – , autour de la distance à l’autre. Avec l’intervention de la caméra, du montage, quelque chose est perdu mais aussi se recompose. Ce film vient parfaitement prendre sa place dans le questionnement que nous proposons à chacune des séances de ce cycle : comment filmer le réel ?

Le parti pris formel augmente encore la force du propos. Les images des machines à l’arrêt, implacables dans leur silence, alternent avec les paroles des femmes, occultées par le bruit assourdissant des machines en fonction. Tout est dit.

Ce travail a été réalisé dans les Vosges, en 2007 dans le cadre d’une carte blanche, à l’initiative de la Délégation régionale aux droits de la femme et à l’égalité en Lorraine. Christine Masanet, photographe, participait au projet. Elle a réalisé 21 diptyques, avec le portrait des femmes et leur univers visuel et quotidien au travail. Vidéo et photos peuvent se donner à voir en installation. Ici, seul le film est projeté.