Ecrire de Benoît Jacquot

L’objectif des Yeux de l’Ouïe, quant à la programmation, est de privilégier les œuvres rendant compte d’une démarche ou d’une écriture originale, et surtout de présenter des formes audiovisuelles moins familières, plus rarement diffusées par les médias grand public.
Ces diffusions ont pour but d’introduire le plus large public dans des univers sonores et visuels rares, de montrer que l’on peut être spectateur autrement grâce à un dispositif ouvert et convivial et de susciter des rencontres, d’inviter les artistes, afin d’interroger, d’accompagner et de révéler le potentiel critique de chaque spectateur.
Parallèlement à l’organisation d’une manifestation annuelle « Les Yeux la Nuit », nuit vidéo qui se déroule au mois de juin, Les Yeux de l’Ouïe favorise les rendez-vous réguliers afin de diversifier les programmations et de fidéliser le public le plus large.

Ecrire de Benoît Jacquot

France – 1993 – 43 mn

Séance en présence du réalisateur

Marguerite Duras évoque avec Benoît Jacquot son rapport à l’écriture, à la solitude, à la maison de Neauphle-le-Château où elle écrivit Le Vice-Consul et Le ravissement de LOL. V. Stein. Le metteur en scène la capte dans son intimité, et fait intervenir la relation, essentielle aux yeux de Duras, entre l’écriture et l’épreuve de la solitude. Un film instinctif, aussi bien intime que pudique, à l’image des propos de l’écrivain.

Une occasion rare de rencontrer ce cinéaste qui fut l’assistant de Marguerite Duras sur deux films, Nathalie Granger et India song.

Extrait des propos de Marguerite Duras

“C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, ça écoute, beaucoup. Ca ne parle pas beaucoup car c’est impossible de parler à quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre, et autres spectacles. c’est à l’opposé de toutes les lectures. C’est le plus difficile de tout. C’est le pire. Parce qu’un livre c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit, qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d’avec lui, le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé.” Marguerite Duras